Tous les villages de France avaient leur monument aux morts, tous sauf Lavaurette.
Pourtant, cette petite commune Tarn et Garonnaise a payé un lourd tribut à la guerre. En 1914-1918, en 1939-1945, en Extrême-Orient, en Afrique du Nord, ce sont vingt et un enfants du pays qui sont morts pour la France.
C'est beaucoup pour une population aujourd'hui réduite à 143 âmes. C'est beaucoup trop !
Vingt et un morts dont il ne reste plus aucune trace, sauf dans les registres poussiéreux de l'état civil, et bien sûr, dans le coeur des familles meurtries. Des morts presque anonymes...
En a t on assez longtemps parlé de construire un monument à leur mémoire. Il y a 60 ans déjà, le conseil municipal en avait délibéré mais la commune n'avait pas été jugée assez riche pour supporter une telle dépense. D'hésitation en hésitation, le temps avait passé, Lavaurette n'avait toujours pas son monument.
Aussi, lorsque vinrent les élections municipales de mars 1977, le nouveau maire Mr Christian SAVIGNAC, un jeune instituteur né à Lavaurette, fit serment de réaliser enfin ce très ancien projet en hommage à tous ces morts glorieux. Sur la place, une stèle porte, gravée dans la pierre, leurs vingt et un noms.
Dimanche, les 143 habitants, jeunes et vieux, étaient réunis pour la cérémonie inaugurale, la première cérémonie du souvenir enfin célébrée dans la tradition, avec la dignité requise, tandis qu'un détachement militaire rendait les honneurs et que frissonnaient dans le vent les drapeaux de toutes les associations d'anciens combattants, de résistants et de déportés.
Une cérémonie que Mr le préfet, le député et le sénateur honoraient de leur présence, de même que les maires des cantons de Caussade.
Quand la sonnerie "Aux Morts" retentit, et bien qu'elle soit quelque peu écorchée par un clairon improvisé, la même intense émotion étreignit chacun des participant. Tout Lavaurette, à cet instant, battait d'un même coeur.